Le Lautaret n'était pas complètement sous la glace il y a plus de 11 000 ans !
Combien de conducteurs ont eu du mal à franchir le col du Lautaret, balayé par des vents glacials et une neige abondante, particulièrement cet hiver ?
Dans ces conditions, difficile d'imaginer le Jardin du Lautaret comme une source d’eau chaude permettant, telle une oasis dans le désert, un microclimat et le maintien d’une végétation abondante au milieu des glaciers !
C’est pourtant ce que révèlent des recherches menées dans la tuffière classée Natura 2000 du jardin du Lautaret. Une découverte très étonnante, qui vient bousculer ce que l’on pensait savoir sur le devenir de la végétation pendant la période glaciaire dans les Alpes, il y a un peu plus de 11 000 ans. Et oui, à une époque où nos vallées étaient recouvertes de glaciers qui se sont installés jusqu’à l'actuelle ville de Lyon, la végétation a pu se réfugier à des endroits jusqu’alors insoupçonnés…
C’est la raison pour laquelle ces travaux sont publiés dans le très grand journal scientifique international Global Change Biology, et qu’ils sont relayés par un communiqué de presse national du CNRS. Des travaux auxquels a activement participé Serge Aubert, ancien directeur du Jardin du Lautaret du début des années 2000 jusqu’en 2015.
Après l’expérience Alpages volants initiée à l’automne 2016 (cet échange par hélicoptère de prairies alpines sur les pentes du Galibier), après ce début du mois de février où des dizaines de chercheurs du monde entier sont venus travailler au Jardin pour apprendre à étudier la neige dans le cadre d’une école européenne organisée par Météo France, le jardin du Lautaret nous rappelle qu’il est bien plus qu’un jardin où l’on peut venir découvrir la flore des montagnes du monde l’été ou profiter de conférences gratuites. C’est un lieu où les chercheurs du monde entier viennent travailler, pour faire des découvertes et nous aider à comprendre le monde dans lequel nous vivons.
Cette étude a été conduite par Christopher Carcaillet, chercheur à l’école pratique des hautes études à Lyon, Serge Aubert, alors professeur à l'Université Grenoble Alpes, et Jean-Louis Latil, un homme passionné de ce lieu chargé de plus de 15 000 ans d’histoire. Dans son ensemble, l’étude est le fruit d’une collaboration transdisciplinaire entre des chercheurs de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE-Université PSL), de l’Université de Grenoble Alpes, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), de l’Université de Montpellier et du CNRS. Ces travaux impliquent en France des chercheurs du laboratoire d’écologie des hydrosystèmes naturels anthropisés (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/ENTPE), du Laboratoire d’écologie alpine (CNRS/Université de Savoie Mont Blanc/Université Grenoble Alpes), de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale (CNRS/IRD/Aix-Marseille Université/Université d’Avignon pays de Vaucluse) et de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (CNRS/Université de Montpellier/IRD/EPHE).
Enfin, cette étude a été possible grâce au soutien financier de toutes les tutelles, mais aussi de celui de la Zone Atelier Alpes, du programme investissement d'avenir AnaEE (Analyses et expérimentations sur les écosytèmes ANR-11-INBS-0001AnaEE- Services), du Parc national des Écrins et enfin celui de la direction département de l'Agriculture du département des Hautes-Alpes.
Photo : La tuffière en travertin du jardin du Lautaret a été utilisée pour ces recherches. Elle contient en effet de nombreuses plantes et animaux fossilisés.
Mis à jour le 20 septembre 2024